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Mars  2022

     La Vie de l'autre  numéro 14

Portrait d'une école

ÉCOLE 4.HEIC

L’ÉCOLE LES QUATRE-VENTS

 

Dans notre revue de mars 2022, nous avons rencontré Madame Sophie Canuel, directrice de l’école Les Quatre-Vents, qui nous partage la vie pédagogique et humaine de son milieu de vie que nous adorons côtoyer.

 

Voici quelques extraits de nos discussions. 

photo de la directrice.png

Sur la photo, Madame Sophie, à droite, se retrouve avec Sid, enseignant à l’école, et Yasmeena, l’autrice d’un magnifique texte que nous publions ce mois-ci et dont nous voulons souligner la grande qualité.

 

 

Laissons la parole à Sophie Canuel!

Avant de devenir directrice de l’école Les Quatre-Vents, j’ai enseigné du préscolaire jusqu’en 6e année au primaire dans plusieurs écoles à Laval.

En tout, j’ai enseigné 18 ans et après coup je suis devenue adjointe à la direction dans plusieurs écoles avant de devenir directrice à l’école alternative l’Envol puis ici à Quatre-Vents.

 

J’aime le parcours qui m’a mené ici et je suis fière de ça mais je veux, dans cet article, mettre la lumière sur mon équipe formidable ici à Quatre-Vents; ils sont tellement dévoués, ils ne calculent jamais le temps qu’ils passent sur des dossiers et sur des projets. Pour eux, c’est toujours le bien de l’enfant qui passe en premier.

 

 

L’école Les Quatre-Vents

Pour la plupart des élèves ici à Quatre-vents, la langue maternelle n’est pas le français.

 

Parmi les 600 élèves et plus qu’il y a chez nous, il y a plus de 100 langues maternelles différentes qui sont parlées à la maison.

 

Et comme on sait que cela prend de 6 à 7 ans pour maitriser l’apprentissage d’une langue… le défi ici est grand. Nous avons donc tout intérêt à nous tenir les coudes et à bâtir une équipe forte.

 

Parfois dans nos discussions en réunions pédagogiques avec le groupe d’enseignants, en réalisant chaque jour que le vocabulaire demeure ici un enjeu important autant en lecture qu’en écriture, nous décidons de créer de petits jeux qui seront appliqués dans les classes ; des jeux simples que nous mettons en place ensemble dans la communauté de l’école.

 

 

L’esprit collectif et la communauté

En arrivant ici, nous redit madame Canuel, j’ai fait installer une bannière  sur laquelle il est écrit :

« À l’école Les Quatre-Vents, s’ouvrir à la communauté c’est important »

(mettre photo ici de la bannière)

 

L’équipe d’enseignants à Quatre-Vents m’inspire beaucoup car ils partagent un grand nombre de mes valeurs fondamentales. Ils bâtissent un environnement basé sur l’esprit collectif. Ils vont aller cogner aux portes quand ils ont des besoins; par exemple, quand est venu le temps de prêter des ordinateurs aux élèves confinés, ils proposaient d’aller les porter eux-mêmes chez leurs élèves… ils sont impressionnants de dévouement et leur implication est vraiment précieuse pour les élèves.

 

Mais pour moi, notre équipe école ne peut pas être performante sans avoir l’aide de la communauté.

 

En début d’année, j’ai fait faire un rallye à tout mon personnel pour qu’ils découvrent tous les organismes autour de l’école, entre autres les organismes alimentaires parce qu’ici 75% des élèves reçoivent, en partie grâce à Moisson Laval, leur petit-déjeuner, du lait, des collations et, souvent, le diner.

 

Grâce à nos liens avec les organismes d’entraide communautaire, nous fournissons beaucoup d’habits de neige.

 

Notre but est de connaitre toutes les ressources du milieu et d’orienter les parents vers, par exemple, le Carrefour d’intercultures de Laval; à noter qu’on les appelle souvent pour qu’ils viennent traduire aux  parents des messages qu’on veut leur donner ou des partages d’informations qu’on trouve pertinents.

 

On a aussi créé des liens avec plusieurs organismes communautaires :

          -La maison des jeunes

         -La maison des enfants Le dauphin qui crée des liens d’écriture entre nos enfants et les personnes âgées de la communauté lavalloise.

       -On a un projet de partenariat avec le Centre des ainés de Laval qui viennent lire des histoires aux petits de la maternelle

         -Une dame vient faire du yoga avec les petits en leur apprenant les lettres au préscolaire

       -Pour améliorer le lien avec les parents, on organise aussi des jeux de société pour que les parents jouent avec leurs enfants et apprennent à partager des règles…

 

Autant d’activités qui permettent à l’école de devenir un véritable milieu de vie.

 

Pour moi,  il faut que l’école soit vivante jusqu’au soir; pour l’instant il y a le karaté et la bibliomobile des Bibliothèques de Laval qui viennent le soir pour faire des prêts de livre mais nos projets vont pouvoir recommencer avec le début du déconfinement et des reprises éventuelles des activités parascolaire.

 

 

L’écriture à l’école les Quatre-Vents

En plus de recevoir les ateliers d’artistes comme l’équipe du Petit Monde de M. Tardif, nous mettons en place de nombreux projets pour aider les élèves à apprendre. Voici quelques-unes de nos réalisations dont nous sommes très fiers.

 

Mise en place du projet CAP
Communauté d’Apprentissage Professionnelle (lien à consulter : https://cap.ctreq.qc.ca)

 

Qu’est-ce que la CAP? Une approche d’intervention qui vise l’entraide dans l’apprentissage et le développement de l’intelligence collective.

Voici la base de ce type d’intervention : Les recherches effectuées depuis plus de 30 ans sont unanimes : la culture de collaboration où les enseignants s’efforcent d’améliorer leur travail, apprennent les uns des autres et sont guidés et soutenus par les directions d’école, donnent lieu à de meilleurs apprentissages pour les élèves.

 

 

Projets d’écriture basés sur la CAP

Le projet se fait en 4, 5 et 6e année. Tout d’abord, dans ce projet CAP, le groupe d’enseignants et moi, nous faisons des rencontres, expérimentons des exercices potentiels, nous regardons les statistiques et analysons les défis, les forces et les besoins des élèves. On essaie tout d’abord de déterminer où sont les défis des élèves en lecture et en écriture. On organise alors des mini-leçons destinées aux élèves pour savoir ce qu’on peut faire pour aider ceux-ci à s’améliorer et on discute ensemble pour savoir comment on pourrait enseigner différemment. On se pose des questions.

 

Puis les professeurs, après avoir partagés leur expertise ou leurs façons de faire, actualisent ce dont on a discuté et mettent en place, de façon autonome, des pratiques gagnantes auprès de leurs élèves.

 

On peut essayer plein de choses, nous dit Madame Canuel, mais est-ce que ça fonctionne? Le partage entre les professeurs, la direction et les conseillers pédagogiques ainsi que l’esprit de travail en collectivité mis en place à l’école Les Quatre-Vents récoltent déjà des dividendes et deviennent très profitables pour tout le groupe enseignant qui peuvent s’appuyer les uns sur les autres et sur les élèves qui saisissent qu’ils font partis d’une communauté d’apprentissage.

 

Par exemple, le projet J'écris, je publie que les Productions le p’tit monde a mis en place auprès de 5 classes réussit davantage dû au fait de l’esprit de partage entre les classes qui ne fonctionnent plus en silo mais interagissent aux ateliers vécus.

 

L’important, si on met des projets en action, est de voir si cela a aidé aux apprentissages en lecture et en écriture.

 

On se fait alors des profils de sortie; on jugera si l’élève a atteint un tel objectif et s’il est maintenant capable de réussir telle ou telle action spécifique en lecture ou en écriture. Chaque apprentissage est ainsi observé; on fait un premier portrait, on se rencontre à nouveau ensuite en groupe enseignant et on réévalue telle ou telle mesure.

 

LES CERCLES D’AUTEURS 

Comme par exemple cette année, on a décidé de mettre en place des cercles d’auteurs. Les études démontrent que les commentaires des pairs sont très gagnants dans le processus d’apprentissage; c’est par la rétro action que les élèves s’améliorent le plus.

 

Ainsi, dans le processus d’écriture, on met en place le partage des idées. On crée alors dans les classes plusieurs cercles.

 

CERCLE DE PLANIFICATION : Un des cercles est le cercle de planification. Les élèves, guidés par le professeur s’installent en cercle de discussion et partagent leurs idées dans le but de planifier une écriture. On met par exemple en place le principe simple suivant : L’inspiration se planifie; quand on écrit, on n’est pas vraiment tout seul, on s’inspire des autres auteurs, de nos pairs, on parle de nos idées, on se documente, se base sur des idées partagées.

 

CERCLE DE PARTAGE : Après une période d’écriture, la classe revient en cercle de partage où les élèves ne pourront dire que des commentaires positifs comme :

« Telle phrase m’a émue »

ou

«  J’ai aimé tel passage dans ton texte… »

ou

« J’ai aimé telle action parce que tu as amené cela sous tel angle… ».

 

Dans ce cercle, chaque élève a la possibilité de recevoir des avis et d’en donner.

 

CERCLE DE RÉVISION : Le processus de création d’un texte se continue en mettant ensuite un place un cercle de révision où un pair pourra dire :

 

« Cette phrase est peut-être trop longue;

elle ne sert pas vraiment ton histoire… »,

 

et ainsi, le texte de chaque élève peut s’améliorer dans un travail collectif et individuel qui s’élabore progressivement.

 

L’important dans ce type de projet est de permettre aux élèves d’apprendre le plus possible à l’aide de ses pairs et de son entourage (professeur, groupe de professeurs qui mettent en place des pratiques, visite d’auteurs des production le p’tit monde par exemple …).

 

Madame Canuel réalise que c’est son rôle de prévoir du temps pour permettre au groupe école de mettre en place ce type de projet très profitable aux élèves. Cela permet ainsi aux enseignants de parler, de partager et d’arrimer nos pratiques. Il est essentiel ici de souligner encore une fois l'engagement et le dévouement de tout le personnel.

 

« Seul, on a plein de bonnes idées mais la richesse c’est le pouvoir du groupe » conclut Sophie en nous partageant la richesse des pratiques à l’école Les Quatre-Vents qui permettent par exemple de mettre en place des projets comme J’écris je publie.

 

Les élèves, accompagnés par des auteurs et surtout par le groupe école (enseignants, parents, communautés ainsi que les pairs), peuvent s’améliorer et produire de beaux textes que nous voulons, au P’tit Monde partager à la communauté dans notre revue LA VIE DE L’AUTRE.

 

Merci Madame Canuel et merci Sid, Caroline, Janie, Gabrielle et Valérie de nous accueillir dans votre école. Vos élèves publient ici dans notre revue LA VIE DE L’AUTRE le résultat de tout un processus.

 

Soulignons la sensibilité et la beauté tout d’abord d’un texte de Yasmeena qui nous parle de sa cousine Biba et d’un souvenir du Burkina Faso. Lisez cela et découvrez avec nous la richesse des mots des élèves de l’école Les Quatre-Vents qui s’inspirent de leur communauté ET QUI NOUS PARTAGENT LE MONDE..

 

Voici le texte de Yasmeena, écrit à l’aide de l’équipe de M. Tardif

photo de Yasmmena.png

Le bon vieux temps

Bonjour, mon nom est Yasmeena et je vais vous parler de ma cousine Biba. Elle est une personne attentionnée, joyeuse, et intelligente. A cause de ses études, elle a dû quitter son village pour venir habiter chez nous. Pour préparer son avenir, ma mère lui a donné quelques tâches à accomplir en grandissant. Biba aidait souvent ma mère à la maison : faire le ménage, la vaisselle, laver le linge, faire à manger et arroser les plantes. Avec le temps, elle a commencé à nous apprendre à faire les tâches et on le faisait avec plaisir ! Mon moment préféré est quand nous cueillions nos fruits et légumes. Après la récolte, vient la dégustation : un fruit ne durait pas très longtemps chez nous.

Chaque samedi, ma cousine devait suivre son cours d’éducation physique, mais avant de partir, elle devait nettoyer la maison, alors on le faisait à sa place. Parfois, je me disais que j’en avais marre de faire ce travail chaque samedi, mais voir une personne venir te dire merci, ça vaut le coup de le refaire 100 fois.

Un jour, mon père nous a annoncé qu’on allait quitter le Burkina Faso pour le Canada. Il a travaillé dur pour mettre de l’argent de côté et payer les billets d’avion. Son projet a pris du temps ! Je me souviens du dernier plat que j’ai goûté en Afrique : c’était des cuisses de poulet. Elles étaient délicieuses mais on n’a pas pu profiter du moment très longtemps. Quelques minutes plus tard on annonce notre vol. Je me rappelle surtout que ma cousine avait les larmes aux yeux quand elle nous a vus partir.

À l’aéroport, ma sœur jumelle a sorti une lettre de sa poche. Ma mère l’a questionnée pour savoir d’où venait cette lettre! Ma sœur a répondu que c’était Biba qui la lui a donnée. Ma mère a commencé à la lire. Cette lettre disait « Mon cher oncle qui m’avez toujours bien accueilli et ma chère tante qui avez su m’élever, je vous remercie beaucoup. Je pense aux jumelles, elles vont me manquer ».

 J’espère revoir bientôt Biba !

Yasmeena

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